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Salle 113 - Le blog
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28 novembre 2017

[DNB blanc] - rédaction : sujet B - lettre

Sujet

Imaginez la réponse de Lou à Guillaume Apollinaire. Votre texte aura la forme au choix, soit d'une lettre doit d'un poème.

Votre rédaction, si elle prend la forme d'une lettre, sera d'une longueur minimale d'une soixantaine de lignes (300 mots environ), si elle prend la forme d'un poème, contiendra quatre à cinq strophes.

 

Lettre

Geneviève Marguerite Marie-Louise de Pillot de Coligny

dite Louise de Cologny-Châtillon

dite Lou

Villa Baratier, Saint-Jean Cap Ferrat.

A : Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky

dit Guillaumme Appolinaire

Sous-lieutenant du 38ème régiment d'artillerie

 

Mon très cher amour,

Depuis que j'ai reçu ta lettre hier, je ne cesse de pleurer. Les mots de tes vers résonnent en moi, je ne peux m'en défaire. "Si je mourais là-bas sur le front de l'armée"...ces mots sont si douloureux. Cette hypothèse de te savoir mort, de me savoir bien trop vivante alors...je ne peux l'envisager. Je sais bien que tu ne peux pas partir, mais je t'en supplie mon amour, mon unique amant, ne prends aucun risque. Reviens-moi.

Tu me demandes de me souvenir, tu me demandes de ne pas oublier les moments que nous avons vécus. Non, je ne les oublierai pas et nous en parlerons souvent quand nous serons vieux et que nous raconetrons à nos petits enfants comment l'amour est né entre nous deux. Non, je ne les oublierai pas mais je veux croire, non je le sais, que tu seras là pour m'aider à me souvenir de tout ça... pour toujours. Reviens-moi.

Je n'aime pas que tu parles des obus. Je sais qu'ils existent, j'ai dû en fabriquer ce matin à l'usine. Mais je ne veux pas qu'ils te tuent, non mon tout doux, ils ne te tueront pas. Tu me reviendras, dis ... me reviendras-tu ?

Je me lève chaque matin et j'entends le tocsin qui ne cesse de sonner. Il y a des morts tous les jours...tu le sais ô toi mon amour, tu le sais. Parceque tu le vois, parceque tu le vis. Tu le sais mon amour que les gens meurent. Mais ce n'est pas toi qui meurt. Et pourtant, à chacune de tes lettres, j'ai bien l'impression de te perdre un peu plus. Mon amour n'est plus l'homme heureux que j'ai trouvé. Mon amour as tu peur ?

Je suis retournée à Baratier, juste pour être dans ces murs où je t'ai rencontré. Je suis retournée à Baratier pour t'imaginer vivant et c'est là que j'ai reçu ces mots de toi mon amour, de toi mon amour que je sens attiré par la mort. As-tu encore peur de la mort mon amour ?

Mon amour, sache que depuis que tu n'es plus là, moi, je n'ai pas peur de la mort. Je ne suis ni vivante ni morte...j'attends. Je t'attends. Quand tu reviendras, je réapprendrai à vivre. Je réapprendrai en même temps que toi mon amour, oui nous apprendrons ensemble. D'abord, on se mariera. Puis on apprendra, petit à petit. Un jour, on saura comment faire, comment vivre quand il n'y a pas la guerre. Te rappelles-tu de ce qu'il faut faire pour vivre quand il n'y a pas la guerre ? Te rappelles-tu de ce que nous achetions pour manger, sans nous soucier des restrictions, sans réfléchir au rationnement ? Tu te souviens quand nous ne nous privions de rien ? Peut-être que ce sera comme cela après la guerre aussi...qui sait. Tu apprendras mon amour ? Dis, tu apprendras ?

Oh mon amour, cette guerre : ce sera la der des der. Je te le promets, jamais on ne pourra recommencer à faire ça. Nous sommes trop bêtes, mais pas assez pour recommencer   Jamais, tu as compris? N'est-ce pas mon amour ? N'est-ce pas que jamais on recommencera ? Alors je t'en supplie, ne meurs pas maintenant. Ne meurs pas maintenant... parce que je t'aime.

 

Ta petite Lou

 

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